« Pas… nique à bord ! »

Publié le par Mimi

Jeu d’écriture (numéro 44b) sur À Vos Plumes (http://avosplumes.xooit.com/index.php) :

Traiter un thème au choix avec ses mots imposés
- thème mer - mots imposés : pic, neige, pré, psychédélique, faribole.
- thème montagne - mots imposés : vache, océan, embruns, parti pris, dextre
- thème campagne - mots imposés : plage, torrent, voile, hégémonie, vecteur

 

 

Lasse d’un célibat, racorni par quarante ans de mauvaises habitudes, je fus tentée par un tout nouveau concept de croisière… Persuadée que sillonner les eaux turquoises des îles  grecques pendant une semaine, pimenterait une vie affadie et permettrait de rencontrer enfin l’âme soeur, j’embarquai dans la brume du port de Marseille à bord du « Meetic Croisy », par un étouffant matin d’été…

 

 Mes premiers pas sur l’immense paquebot furent assez déroutants. Après une course, digne de celle de la carte aux trésors, je parvins à localiser ma cabine où la série des déconvenues démarra. La découverte d’une cellule, assez spartiate et sans ouverture sur l‘extérieur (seul un faux hublot plaqué sur le mur faisait illusion), me laissa un instant perplexe. Toutefois, n’étant pas sur cet hôtel flottant pour une cure de sommeil, je fis fi de ce détail pour me concentrer sur la tenue à revêtir aux abords de la piscine. Après moult hésitations, j’optai pour un des maillots de ma collection. Parée d’un paréo de soie sauvage aux impressions chamarrées, je jetai un coup d’œil dans le miroir face au lit. Le reflet d’une silhouette, aux antipodes des stockfischs glamour et glacés des couvertures de magazines, transforma mon sourire en grimace dépitée. Feue ma taille de guêpe (transmutée en frelon), s’était alourdie de disgracieux capitons graisseux. Seule consolation, avec cette bouée gélatineuse, je ne coulerais pas à pic !

 

Sans m’appesantir sur d’inutiles regrets concernant l’abus de plateaux télé, généreusement tartinés de nutella, je tâtonnai longuement à travers les coursives avant de m’installer près du jacuzzi sur un des transats, alignés en rangs d’oignon. En position allongée, mon ventre de bouddha me sembla moins proéminent. Alors que je guettai discrètement l’apparition d’un Prince Charmant, une serveuse, au faciès asiatique et à la tenue impeccable m’offrit de déguster un cocktail, pompeusement baptisé : « neige d’enfer ». Le goût, à la fois aigrelet et puissant des agrumes (orange sanguine, pamplemousse) mixé au détonnant mélange : vodka-gin, le tout saupoudré de flocons de glace pilée, provoqua aussitôt des aigreurs d’estomac, doublées d’hallucinations. Le pont sembla soudainement métamorphosé en gigantesque pré, où une nuée de naïades avait germé, telles des pâquerettes. L’effet combiné du soleil et de l’alcool me plongea alors dans un profond sommeil…

 

À l’issue de cette sieste réparatrice, la vision psychédélique ne s’était malheureusement pas estompée. Un rapide tour d’horizon me laissa pétrifiée. J’avais beau scruter. Aucun mâle ne rôdait autour de la piscine.

 

L’inquiétude commença à me gagner pour totalement m’envahir à la relecture du programme, expressément extrait de mon sac de plage. L’intitulé de la croisière me fit froid dans le dos : « Farandoles de fariboles à Lesbos »… Les réservations de dernière minute via le Net sont parfois surprenantes. Cette fois, mon étourderie et ma précipitation m’avaient joué un curieux tour.

 

Tout espoir de croiser le Prince charmant étant évanoui, je sentis une vague de panique me submerger. Fuir ces amères vacances en mer s’avérait indispensable. Sans y réfléchir davantage, je plongeai spontanément en direction de la bien aimée « Bonne Mère ». Au même instant, j’entendis avec soulagement mon radio-réveil tintinnabuler…

Publié dans Jeux d'écriture

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C
ouf ! j'ai cru que tu allais te noyer ! <br /> Truculent, un régal à lire !<br /> <br /> bises <br /> chrystelyne
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H
Beurk! Une croisière sans hommes...<br /> <br /> On n'est jamais content de ce qu'on est: trop grosse, pour moi pas assez, mais dites, mademoiselle Mimi, il en faut pour tous les goûts!<br /> <br /> J'aurais adoré être petite, ronde, avec un décolleté comac et de longs cheveux noirs... Totalement raté!<br /> <br /> Très joli texte. L'amertume dite avec légèreté. Difficile!
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