« Rien ou si peu… »

Publié le par Mimi

Frissons. Déjà, l’hiver s’infiltre. La peau frémit, sous la laine protectrice. Il fait si froid à l’intérieur…

 

Fin d’après-midi morose. À travers le rideau qui tangue, la lumière faiblit. Les rares feuilles du prunier dénudé, semblent figées dans un voile sans souffle. Peu à peu, les couleurs mordorées de l’automne glissent vers une nébuleuse palette de blancs. Blanc cassé. Blanc battu… en neige. Dans l’azur grisé, percé de nuages gonflés tels des meringues, la pénombre s’invite au prélude de la nuit.

 

La musique tricote une écharpe d’accords douloureux autour de pensées engourdies. Comme souvent, « l’envie de rien » supplante la vie. Au pied de l’écrivante, le chien ronronne en boule dans son panier. Les yeux las, elle rive ses iris sans lueur dans l’abysse de l’écran neigeux. Ses pulpes tentent une chevauchée du clavier. Le périlleux jeu de saute-mouton l’aspire vers la chute. Inéluctable. Les touches cliquètent sans entrain. Les mots moribonds, cadenassés au fond de leur cage, s’étiolent sans claquettes. Leur langueur s’enroule dans un tango lourd. Étouffantes, les notes s’enfoncent dans le cœur meurtri tandis que les lettres s’égrènent en petits poi(d)s mange-rien.

 

L’obscurité grignote les dernières ombres de lumière. Bientôt, la nuit aura masqué toutes les meringues du ciel. Dommage pour leurs effluves sucrés, égarés… parfumés d’enfance.

 

Cette sensation la conduit vers le placard aux douceurs de sa mémoire. Patiemment, elle fouille… jusqu’à ce que l’exquise texture craquo-fondante des meringues de Maman, remonte dans son palais réjoui. Fugace mieux-être.

 

À l’intérieur, demeure encore un soupçon d’étincelle qui refuse de s’éteindre…

Publié dans Fulgures

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