« Repartir »

Publié le par Mimi

      Pour repartir encore eût-il fallu que je partisse une première fois. Qu’importe ! Le titre est venu je ne sais d’où. Obéissant consciencieusement à mon inconscient, je suis lettre à lettre le fil tissé de mots sans bien savoir où je vais atterrir. L’essentiel n’est-il pas d’écrire, de dégourdir mes doigts sur ce clavier trop neuf… trop noir. J’aimais bien les touches usées de l’ancien. Mais je m’égare, je m’égare… Mon regard (hagard… juste pour l’allitération) se perd dans les volutes virtuels d’une cigarette irréelle qui fume sur l’étagère de mes souvenirs.

 

      Curieuse manie de fouiller dans la mémoire comme un Père Noël dans sa hotte à joujoux. Il est vrai que j’y trouve souvent quelques joyaux. Plus depuis un certain temps, malheureusement. L’inspiration s’est à nouveau tarie. Grrr !!! Elle m’agace celle-ci à faire sa diva. Ses sautes d’humeur me laissent comme deux ronds de flans sans caramel. Sans ses vocalises harmonieuses, aucune idée, aucune envie ne traverse les méandres embrumés de mon imaginaire bloqué. Les mots restent au point mort.

 

      Dans ces périodes-là, l’ennui reprend ses quartiers. L’ennui et sa fidèle compagne oisiveté se remarient pour le pire et le pire… Les vieux démons sortent de la boîte à malices tels des diablotins prompts à me croquer toute crue. Les parties de spider solitaire s’enchaînent. Aucun intérêt si ce n’est de « tuer » le temps. Clouzot avait tort. L’assassin n’habite pas au 21… mais au 10 de ma rue qui rime avec point de croix… Je suis une tueuse sans gages. Je m’évertue à assassiner ce temps précieux. Y-a-t-il une peine de mort pour ce genre de forfait ? Voilà que je m’égare une fois de plus. J’espérais trouver l’amorce d’une idée pour les concours de nouvelles dont la liste s’allonge sur mon carnet. Que nenni. « Fêtes et défaites », « Duo », Châteaux en Espagne », « Strip-tease »… Autant de thèmes qui me laissent de marbre. Quant aux concours à thème libre, c’est encore pire. Où trouver une idée suffisamment intéressante pour être développée ? Voilà que l’éternel débat entre fond et forme ressurgit. Selon ma petite expérience, il me semble que l’un est au service de l’autre. Un peu comme la volonté est assujettie à la motivation, le style sert (ou dessert, huuum !) une histoire. La plupart des lecteurs se souviennent de la trame et pas forcément des mots qui l’ont tissée. Les écrivants (je n’aime pas trop le mot écrivain, encore moins écrivaine), disons auteurs y attachent peut-être davantage d’attention. Il n’en reste pas moins que le grand vainqueur est presque toujours le fond ; la forme étant la parure du récit. Personnellement, j’aime quand les mots se tricotent sur les aiguilles du clavier. Un mot à l’endroit, un mot à l’envers. Point mousse, jersey, de riz, côtes, torsades… Les lignes se succèdent comme les rangs d’un ouvrage. Peu à peu, le texte se crée à l’image d’un pull ou d’une écharpe qui se montent. Parfois les mailles filent ou se perdent. Les lettres s’emmêlent, les mots accrochent, s’envolent… A la fin, le texte est habillé, prêt à être porté sous d’autres yeux que ceux de son créateur.

 

      Voilà où le mot-titre m’a menée. Vous m’avez suivi ou bien vous ai-je perdus ? Si tel est le cas, j’en suis désolée. Il est vrai que lorsque l’on écrit, les mots s’alignent tout seuls parfois. En dépit d’un bon ou mauvais sens. Sur ces paroles, je vous laisse et repars en quête de ma muse qui sans doute s’amuse dans une musette trop usée… Il est sans doute temps d’en tricoter une toute neuve. Et si j’essayais le crochet ?...    

           

Publié dans Textes courts

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