« Un câlin… sinon rien »
Quand l’irrésistible envie de câlin fait perdre toute pudeur…
Ce soir d’automne, le point de non retour paraissait atteint. Sevrée par trop de privations, trop d’abstinence(s), il me fallait désarmer le désarroi qui m’étreignait telle une sangsue exsangue. De furieux désirs se bousculaient à l’orée de mes paupières de porcelaine. Les fourmis de mon ventre semblaient déchaînées. Leur époustouflante sarabande ondulait au rythme d’un grand huit, aux limites d’un infini flirtant entre zénith et abysses. Sans résister davantage, je franchis le seuil de la cuisine pour me jeter sur lui…
Il me fallait sentir sa texture épouser les papilles d'une langue alanguie. Je salivais, imaginant le délice couler suavement le long de ma gorge assoiffée. J’en frissonnais d’émoi…
Subitement, la porte couina en parfaite synchronisation avec le gémissement, échappé de mes lèvres mi-closes. Mon soupir rebondit en son mat sur le vide des parois. Sous une carotte égarée, aux fanes fanées, apparut l’objet de mon envie. Un seul ! Il en restait un seul… La date de péremption était dépassée ? Qu’importe s’il dégoulinait ! Vite ! Vite ! Il me fallait ce câlin-là… Tandis que la crème du yaourt fondait irrésistiblement dans ma bouche gourmande et repue, au diapason d’un plaisir, infime et infini… une larme de sel perla sur la noisette de beurre, rescapée du réfrigérateur en péril…