« Le temps des cerises »

Publié le par Mimi

À l’époque des vendanges, je suis un peu en retard ou bien très en avance. Mais quelle importance ?

 

Le reflet du miroir affichait sans concession une silhouette légèrement voûtée. Pas franchement envoûtante. Décidément, cette nouvelle robe fourreau de soie cerise me donnait un faux air de griotte au kirsch. Mûre à point, légèrement charnue, omoplates saillantes. Toutes les caractéristiques de ces idiotes aigries et rabougries (je fais référence aux griottes) semblaient incrustées telles des tatoos sur mes épaules pâles, nues et bizarrement zébrées de ridicules rides frisottées. En alternance, des stries couleur vanille et réglisse sinuaient sur des pores exhalant des fragrances sucrées… Instantanément, je compris que le coupable était ce nouveau parfum ! Cette « Lolita-Lemp-quelque-chose » avait pris possession du grain de ma peau. Un grain qui s’apparentait plutôt à un noyau, puisque mon look se rapprochait furieusement (je le rappelle pour ceux qui n’auraient pas suivi) de celui d’une griotte et pas d’une grappe de raisin…

 

Le temps manquait pour me transmuter en framboise grenue ou en « Pink Lady » (délicieuse variété de pomme rosée à la peau défrisée). Enlisée dans un sable émouvant, je m’observais sous des coutures, menaçant de craquer avec l’impossibilité de troquer ce détestable « a » contre un appétissant « o » qui m’aurait donné une apparence à croquer…

 

Il ne me restait plus qu’à prier très fort pour que mon nouvel amoureux apprécie les clafoutis aux cerises, saupoudré de zestes de vanille et réglisse…

Publié dans Fulgures

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