« Huuuum !… »

Bois de rose caramel ou noyer pavot grillé ?

Du caramel saupoudré de pavot ? À l’évidence mes narines avaient frétillé. Qui venait d’évoquer ce mélange ? Sucré et singulier. Telles des bulles de savon irisées, les bribes de conversation flottaient avant de s’écraser mollement sur le molleton, floconné de neige grisâtre qui m’enveloppait.

Dans l’obscurité, je devinais, plus que je ne les comprenais, les propos échangés. L’homme à la voix profonde, teintée de miel, continuait d’égrener sa palette gourmande : sapin amandine, olivier praliné, oranger vanille, orme cannelle, pin chocolaté…

Au dernier mot, l’envie de gigoter me titilla. Le désir de sentir mon palais submergé par le fondant d’une bouchée, truffée de fèves de cacao brunes et craquantes, m’avait réveillée. Mais, les paupières scellées, mon visage, ma poitrine, mes bras, mes doigts… Rien ne répondait à mon désir de croquer dans la vie… encore. La mort dans l’âme, je réalisai à cet instant que le monde des vivants n’était plus le mien…

Et pourtant, je continuai à rêver… en couleurs et en saveurs…

Plus tard, je compris que ces délicieuses associations étaient le fait d’un croque-mort facétieux qui proposait des coloris de cercueils…

Bien sûr, je n’avais plus mon mot à dire, mais sincèrement, finir sa mort, enrobée de chocolat, nappée de caramel à l’eau de rose, saupoudrée d’amandes blondes et de pavot café… m’avait réconciliée avec la vie…