« Mort opaque »

Publié le par Mimi

À mon père.

 

Ce n’était pas Pâques ou la Trinité (les îles, évidemment), mais bien cette vieille ville du comté de Nice, où les venelles fleurent bon la savonnette à la lavande, l'huile d'olive, les épices, le parmesan et la morue séchée.

 

Noël et ses couleurs clinquantes pourfendaient l’horizon. Sur la grande avenue (feue nommée la Victoire), les épines émeraude des sapins se mêlaient aux tenues amarante de plusieurs Santa-Claus, faussement barbus de neige. La haie d’honneur des illuminations, myriade d’ampoules enguirlandées d’or et d’argent, clignotait entre les peupliers, aujourd’hui déracinés au profit de tramways, flamboyant, teintés de gris métal.

 

Ce temps paraît si loin et pourtant. Seulement, quatre années ont coulé.

 

Impatiente et vorace, la Mort n’a pas attendu Noël pour l’accueillir. Il est parti, comme il avait vécu. Avec courage et discrétion. Le cœur las, a simplement cessé de battre et de se battre.

 

Les souvenirs sont toujours enrobés de buée. Opaques. Gris ou saumon, les couloirs de la clinique ? J’sais plus. Seules les relents inhospitaliers demeurent imprimés. La Mort est restée dans le nez. Pas sa couleur.

 

Était-elle noire ? Blanche ? Nacrée de larmes arc-en-ciel ?… J’sais plus.

 

Ce jour-là, enrubannée de voiles diaphanes, Elle l’a transporté sur ses ailes de papillon vers une lumière laiteuse où désormais il repose.

 

Ce 16 décembre, la douleur n’avait pas de couleur… Seule une coulure opaque qui brûlait l’intérieur…

Publié dans Fulgures

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article