« Moi ? Zen beaucoup »

Publié le par Mimi

 
 
Pfff !!! Fait pas beau aujourd’hui. Je le vois au peu de lumière qui filtre à travers les volets. Mais cela m’est égal, je suis bien sous la couette, blotti contre son dos… Je reste silencieux et me fais tout petit pour la laisser dormir encore un peu. Elle semble si fatiguée. Le noir de la nuit dernière a encore viré au blanc. Tourne dans un sens et tourne dans l’autre… allume la lumière, feuillette trois pages, peste contre les aiguilles d’un temps tournant au ralenti… L’est fatigante. Quand cela lui arrive, je reste zen et ne dis rien. De toute manière, je ne saurai pas comment l’aider à lutter contre cette maladie là. Mais la voilà qui s’agite. Le réveil vient de chanter. Ses paupières s’ouvrent sur un regard plein d’amour. Elle tend sa main vers moi et me caresse avec affection. Ouah ! J’adore ce moment là…  Dommage, ça ne dure pas car ce matin, elle est pressée…
 
Après avoir expédié le petit-déjeuner, elle a pris sa douche, s’est habillée et nous sommes partis. Dans la voiture, je trépigne. Oh ! Je n’aime pas ça. Mais pas du tout. Ça sent mauvais… tous ces embouteillages. Elle a beau me dire qu’on est bientôt arrivés, cela ne me rassure pas. Je flaire un mauvais coup de sa part…
 
Et voilà, nous sommes devant la boutique que je déteste. J’avance à reculons. Je résiste mais c’est trop tard. Mon adorable maîtresse m’abandonne aux griffes de Cruella, la toiletteuse… Régulièrement, elle m’amène ici et je peux vous dire que je passe un sale quart d’heure. Disons plutôt trois heures. Bouh ! J’aimerais bien que le temps s’accélère. La méchante va m’asperger d’eau et de shampoing, de lotion anti-truc, m’enchaîner pour passer un atroce instrument qui fait « bzzzzzzzz » en grattant tous les poils de mon corps, me couper les ongles, me brosser les coussinets… Et dire qu’on appelle cela « se faire bichonner »… Moi qui suis un bichon frisé, je puis vous assurer que les humains ont tout faux. Pfff !... L’épreuve du toilettage est une torture. À l’occasion, j’en toucherai deux aboiements à mes potes d’Amnesty.
 
Ouf ! Apjo.jpgrès une éternité, je suis enfin prêt. J’ai hâte de sortir d’ici. L’air est irrespirable. En plus, j’ai la détestable impression d’être une nana avec ce parfum qui empeste la vanille. Pouah ! Et cette Cruella qui affiche un sourire éclatant. Surtout devant les clientes qui s’extasient devant moi : « Oh comme il est mignon, on dirait une peluche vivante… ». Si je pouvais, je leur dirais ce que pense vraiment la peluche… mais une fois de plus, je reste zen. Tiens, en attendant le retour de ma maîtresse, je vais m’installer sur ce vieux pouf élimé. Je bondis sur le plaid tout laid – en fourrure vert caca -. Subitement, l’infâme Cruella s’écrie : « Non Jo, pas sur mon crapaud… ». Son crapaud ?  Drôle de nom pour un siège… À moins que ce ne soit le cent deuxième tour de cette vieille sorcière. J’imagine qu’après un toilettage raté, elle a transformé le batracien en fauteuil inanimé pour ne pas avouer son incompétence… Du coup, j’en tremble. Imaginez. Si ma maîtresse venait à m’oublier dans cet enfer. Cruella pourrait me jeter un sort et « Arbre Akad Arbre A… », je serais métamorphosé en bonzaï, vu ma taille miniature. Je serais le premier bichonnier à feuilles cotonneuses et frisées… Brrr !!!! J’ai réussi à me faire peur tout seul. Faut vraiment que j’arrête d’écouter ma maîtresse lire ses textes à haute voix, surtout ceux destinés aux escampeurs de poudrette. Ça me donne de drôles d’idées quand même…
 
Ah ! Voilà enfin, ma douce maman. Ouf ! Je suis sauvé… Elle semble ravie. « Oh comme tu es beau mon Jo… Tu aimes le toilettage, n’est pas ?... ». Une fois de plus, je reste zen. Je ne vais pas la contrarier. Elle risquerait de dormir encore plus mal. Et là, je ne vous raconte pas les histoires qu’elle serait capable d’imaginer. Heureux de quitter Cruella, son crapaud et ses sorts bonzaïques, je remue fièrement le panache de ma queue, tentant d’oublier que dans deux mois, il faudra revivre cette aventure… En attendant, restons zen…

Publié dans Textes courts

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L
L'est mignon le pèpère à sa mèmère... Je suis zen !!!
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C
Pauvre Jojo, mais bon, faut endurer un peu pour être beau ! Un bien joli texte :)
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M
Jojo te remercie de ta compassion pour sa vie de chien... tant aimé, ma belle Cathounille.Merci de ta lecture et de ton commentaire. Bises.Mimi
T
Je me suis bien faite avoir au début... Un chien zen, ça vaut de l'or:-)
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M
Tu as raison Twinkle, mon petit Jo (qui existe vraiment) est une mine d'amour et de tendresse.Merci de ton passage sur mon blog. Au plaisir de te relire.Mimi